La pauvreté est multidimensionnelle. Elle ne se résume pas à l’insuffisance de revenus et de ressources pour assurer des moyens de subsistance durables.
Ces 200 familles étaient aux prises avec une variété de défis complexes, tels que la malnutrition, le manque d’eau potable, l’accès limité à l’éducation et à l’information, la maladie, l’insalubrité des logements et de l’environnement, la discrimination et l’exclusion sociale ou encore des conditions climatiques défavorables.
L’objectif principal du projet VillageFXB de Mbare et Mbuga a été de renforcer la résilience de ces familles vivant dans une grande misère afin qu’elles puissent sortir de la pauvreté multidimensionnelle.
Le pilier fondamental du modèle de réduction de la pauvreté VillageFXB est le renforcement économique. Sa principale innovation repose sur le don d’un capital d’amorçage – à la place d’un prêt – qui va permettre aux familles d’atteindre l’autonomie économique. Associé à des formations en gestion d’entreprise et en littérature financière, elles vont pouvoir lancer des activités génératrices de revenus (microentreprises) et ainsi, progressivement, obtenir des revenus suffisants pour faire face à leurs besoins quotidiens.
Simultanément au renforcement économique, FXB va s’assurer que chaque membre des familles soutenues puisse accéder à ses droits humains fondamentaux, à travers 4 autres piliers : la sécurité alimentaire, l’accès à l’éducation et à des informations cruciales en matière de santé et sociales, l’accès à des services de santé adéquats et la salubrité de leur logement et de leur environnement.
Lutter contre la pauvreté implique de lutter contre toutes les discriminations en général et en particulier celles liées au genre afin d’équilibrer les relations entre hommes et femmes pour que celles-ci, plus exposées à la pauvreté, puissent accéder aux mêmes opportunités économiques et sociales.
Malgré les contraintes successives liées à la pandémie de la COVID-19, le staff FXB a effectué plus de 7’000 visites individuelles en trois ans. Durant les périodes de confinement, le suivi de l’évolution des participants au programme a été assuré à distance, par téléphone ou sms.
Les résultats positifs de la fin du programme indiquent que les familles se sont réellement appropriées le projet et qu’elles ont été en mesure de sortir de leurs conditions d’extrême pauvreté. Elles ont aujourd’hui des bases solides pour continuer à prospérer. 2’000 personnes ont par ailleurs bénéficié de la présence de FXB dans leurs communautés, notamment à travers ses nombreuses sessions de renforcement des capacités.
Objectif 1 : Renforcer les capacités économiques des familles :
- Les 200 familles ont au minimum une activité génératrice de revenus opérationnelle.
- Le revenu mensuel moyen des familles a augmenté de 307% en milieu semi-urbain et 326% en milieu urbain.
- Les familles épargnent 8% de leurs revenus en milieu semi-urbain et 14% en milieu urbain.
- Les 9 groupes AVEC (associations villageoises d’épargne et crédit) sont dynamiques et bénéfiques aussi bien sur le plan économique que sur le plan social.
- Toutes les familles ont bénéficié de formation liées au renforcement économique, que ce soit à travers des sessions spécifiques ou, individuellement, lors des visites à domicile.
- La crise de la COVID a bien entendu eu un impact négatif sur les activités économiques des familles et, de facto, sur leurs capacités d’épargne pendant quelques mois en 2020 et quelques semaines en 2021. 75 d’entre-elles ont reçu un soutien financier pour booster leurs activités économiques.
Objectif 2 : Assurer leur sécurité alimentaire et éradiquer la malnutrition infantile.
- 99% des familles prennent 3 repas par jour, versus 1% au début du programme.
- Aucune famille n’a connu de jour sans pouvoir se nourrir depuis la fin de la deuxième année du programme grâce au support nutritionnel initial, de la culture de jardins ou champs potagers et de l’augmentation graduelle des revenus des ménages.
- Aucun enfant de moins de 5 ans ne montre plus de signe de malnutrition.
Objectif 3 : Améliorer leur accès aux soins de santé et la prévention
- 100% des familles ont accès à une mutuelle de santé, ils ont été formé à prendre soin de leur santé et dorment sous une moustiquaire.
- Près de 100% des bénéficiaires connaissent leur statut sérologique, versus 6% au début du programme. 45 personnes sont séropositives et ont accès à des soins adéquats.
- Les connaissances en matière de planning familial ont augmenté et la moitié des couples utilise un moyen de contraception.
- 834 jeunes sont inscrits dans 15 clubs anti-sida initiés par FXB durant le programme. Au-delà du sida, les jeunes sont aussi sensibilisés aux violences diverses faites aux femmes ou encore à la prévention des grossesses précoces.
Objectif 4 : Rehausser leurs conditions d’habitation et d’hygiène.
- Chaque famille a au moins un poste fonctionnel pour se laver les mains et une latrine.
- 104 familles ont réhabilité leur maison et 19 ont construit de nouveaux logements.
- Dans le contexte plus urbain de Mbuga, 46% des familles ont pu raccorder leur logement au système de distribution de l’eau, ce qui est une avancée majeure dans l’accès aux besoins fondamentaux.
Objectif 5 : Soutenir la scolarisation des enfants et des jeunes et enrichir les savoirs et les capacités des adultes.
- Durant les 3 années du programme, les enfants, jeunes et adultes ont reçu un soutien lié au matériel et au frais scolaires de manière dégressive. 95% des enfants suivent une scolarité régulière.
- 33 jeunes ont suivi une formation professionnelle et ont reçu des toolkits afin de les aider soit à trouver un emploi soit à se lancer dans une activité génératrice de revenus. 60% ont trouvé un emploi. 13 jeunes viennent de terminer leur formation et sont toujours en recherche.
- Les parents et la communauté ont reçu des formations liées au développement de la petite enfance, droits des femmes et des enfants, le droit à l’héritage, le rôle des pères ou encore la violence intrafamiliale.
Ce programme a pu être mené grâce au soutien de la Ville de Paris, la Fondation Augusta, Symphasis, le Canton du Valais, le Comptoir de Méditerranée et Swim for life auxquels va toute notre reconnaissance.
Jean-Marie raconte son chemin vers l’indépendance
La famille de Marie Josée et de Jean-Marie est l’une 200 familles ayant participé au programme. Ils ont 6 enfants.
« Avant de rejoindre le programme VillageFXB nous vivions dans une grande misère. Je cultivais pour les autres pour gagner quelques sous. Mon revenu était entre 600 et 700 FRW par jour et je l’utilisais pour aller au cabaret et boire de la bière locale jusqu’à minuit sans tenir compte de mes responsabilités en tant que le chef de famille. Je me suis retrouvé plusieurs fois au poste de police après avoir battu ma famille parce que j’étais ivre.
C’est Marie-Josée qui portait toute la charge de la famille, je ne lui donnais pas un sou pour subvenir à leurs besoins, ni les siens, ni à ceux des enfants. Quand elle ne trouvait pas de travail journalier, les enfants n’avaient rien à manger. La seule pièce de la maison servait de cuisine et nous dormions par terre. Je n’avais ni latrines, ni douche et pas d’habits suffisants pour tous les 6 enfants. Avoir du savon pour se laver était difficile à trouver pour nous. Les enfants avaient abandonné l’école faute des moyens pour payer les frais et matériel scolaires.
Après avoir été sélectionnée pour entrer dans le programme, la vie de ma famille et la mienne en particulier a totalement changé. Le staff FXB a beaucoup travaillé avec moi pour me faire prendre conscience de mes lacunes et de mes responsabilités. J’ai changé mon comportement pour être meilleur.
Grâce aux formations et à un capital de départ, nous avons démarré un projet d’élevage et d’autres activités génératrices de revenus relatives au commerce. Avec l’aide de FXB et nos bénéfices, nous avons pu construire une annexe à notre maison, une cuisine extérieure, un étendoir à vaisselle, une latrine, une douche et un poste pour se laver les mains et des lits surélevés. Nous avons aussi acheté des matelas et des fauteuils et sommes en mesure d’épargner 13000 FRW chaque mois.
Les enfants sont retournés à l’école, ils ont du matériel adéquat et nous arrivons aujourd’hui à payer les frais scolaires et annexes régulièrement. Nous avons amélioré notre nutrition car le staff nous appris à cultiver un jardin potager, nous connaissons les composantes d’un repas complet et nous mangeons trois fois par jour. Notre famille est rétablie et c’est vraiment une nouvelle vie pour nous tous.»